Par Serigne Cheikh Mbacke Khabaan
Cheikh Ahmad Ibnou SAID, plus connu sous le nom de Serigne Mandoumbe KHABANE, est un disciple et frère de Cheikh Ahmadou BAMBA il naquit à Ndia village situé a l’ouest de Mbacké Baol en 1276 de l’hégire 1875 de l’ère grégorienne . Des liens de parenté l’ unissent au Cheikh aussi bien du côté paternel que du côté maternel .
Son père avait quitté Mbacke Baol avec d’autres chefs religieux pour rejoindre Maba Diakoh Ba en vue de le soutenir dans son jihad ( sa guerre sainte contre les colons et les monarchies païennes ). C’est au Saloum dans le village de Prokhane où il fut rappelé a DIEU et inhumé.
A la suite du décès de son père, Serigne Ahmadou Ndoumbé retourna à Mbacké Cajor où Cheiklh Ahmadou Bamba s’était installé avec son père Mame Mor Anta Saly.
Il poursuivit et approfondit ses études au près du Cheikh. Son érudition en matière de sciences religieuses et littéraires était reconnue. Selon le célèbre biographe Cheikh M. Lamine Diop « Le Cheikh l’envoyait en Mauritanie pour qu’il lui recopie des ouvrages rarement trouvables au Sénégal ».
Son rôle auprès du cheikh est ses relations avec lui :
Outre sa proche parenté avec le Cheikh et le fait qu’il avait reçu de lui son enseignement, Serigne Mandoumbe fut parmi les premiers à répondre à son appel, à lui faire le pacte d’allégeance et à se consacre corps et âme à ses ordres et son service.
Serigne M. Lamine DIOP écrit dans son livre intitulé Aperçu historique et souffles d’inspiration : « cet homme est le cousin du cheikh et son compagnon de première heure. Il s’était sacrifié à DIEU en se consacrant aux services de son guide. Il est le premier a lui offrir comme Hadiya une somme de mille francs a l’époque grâce à ses propres efforts».
Il accompagna le Cheikh de Mbacke Cajor à Mabacké Baol et participa a la construction du village de Darou Salam et celui de Touba. Son attitude était exemplaire et honorable lorsque Cheikh Ahmadou Bamba était interné par les autorités coloniales dans les îles lointaines et hostiles du gabon. Il seconda et soutint avec courage le frère du Cheikh Mame Thierno à qui la gestion de la communauté des fidèles était confiée .
Dans les bien faits de l’éternel Serigne M. Bachir MBACKE dit : « Cheikh Ibrahma exécutait religieusement les recommandations de son frère et guide avec, autour de lui , l’ensemble des disciples; son coussin Ahmed Ndoumbe y a beaucoup œuvré en exhortant les Mourides à poursuivre le travail et à renouveler leur engagement en donnant l’exemple lui-même».
Il eut la même attitude lors du deuxième exil du Cheikh en Mauritanie ;. L’auteur de l’Aperçu Historique dit :« lorsque le Cheikh était interné en Mauritane il s’y rendait fréquemment et y envoyait ses messagers porteurs de ses hadayas »
Dans les bienfaits de l’Eternel Cheikh M. Bachir témoigne que grâce à cette attitude exemplaire de Seringe Ahmadou Ndoumbé aux côtés de Cheikh Ibra Faty la mission du Cheikh était continuée , sa voie suivie et ses disciples plus nombreux .
Les Daaras et villages de Seringe Mendoumbé
Durant l’exil du Cheikh Seringe Mandoumbé avait doublé ses efforts en créant plusieurs daaras (centre d’education sprituelle et d’initiation au travail). En 1896 il s’installa à Keur Magueye Ndao .Il y passa sept années à éduquer et à former les disciples au travail .Il créa ensuite en 1904 son village de Khabaan où il resta dix ans avant de créer en 1914 Darou Khoujel et puis Mbabaane en 1914 . Il y resta de 1915 à 1923 l’année de le la création de son village de Sam . Deux ans plus tard il construisit Dendeye son dernier village.
Ce principe de création des daara isolés loin des agglomérations urbaines constitue l’un des éléments essentiels de la méthode éducative de Cheikh A. Bamba . C’est lui-même qui l’a initié et a donné l’ordre à ses premiers disciples de le faire .Ces daaras permettent de réaliser de nombreux objectifs sur le plan éducatif , social et économique .En fait dans ce cadre l’aspirant ,le talibé mouride peut se consacrer entièrement à ses études , à ses pratiques cultuelles et à ses travaux champêtres .qui sont les trois vecteurs qui sous-tendent l’enseignement du cheikh . A ce sujet il affirme :
« La meilleure parure pour l’homme c’est le savoir ; il l’honore où qu’il se trouve»
« Son meilleur viatique c’est la pratique de ce savoir ; un savoir sans pratique est une aberration »
« Sa meilleure beauté c’est la politesse ; savoir et pratique sans elle mènent à l’égarement »
Il dira ailleurs :
« la quête du licite par le travail est une obligation divine à tout musulman »
Serigne Mendoumbé ne consommait pas un seul grain des grandes quantités de mil et d’arachides récoltées dans ses daaras . Toute la production était destinée à son guide . Ses fils et ses petits-fils ont perpétué cette pratique .
Lors de la construction de la grande mosquée du cheikh à Diourbel Serigne Mendoumbé donnait une contribution annuelle de cent mille francs (100,000 F.F)en plus des hadaya qu’il continuait d’envoyer. Il acheta même une trentaine de chameaux destinés uniquement au transport de ces hadaya vers Diourbel. «Il était , écrit Cheikh M. Lamine , parmi les plus proches du cheikh .Il fut le dernier à toucher son corps béni ». Le biographe ajoute que «lorsque le cheikh disparut tout le monde était sous le choc . Le doute et l ‘hésitation s’emparèrent de certains ; quant à Serigne Mandoumbé, il affronta l’épreuve avec courage ,quiétude et une foi inébranlable. Il renouvela son pacte d’allégeance au premier khalif et successeur du cheikh en multipliant ses services rendus à cheikh Mouammad Moustapha »
Son Rappel à Dieu
Lorsque Seringe Mandombé avait senti son rappel à Dieu s’approcher il quitta sa demeure de Sam pour venir s’installer à Dendeye au milieu de ses disciples . Il mangeait et dormait avec eux en disant qu’il préférait rendre compte au cheikh plutôt de la situation des daaras et des fidèles que de sa propre famille . C’est là où il fut rappelé à Dieu le 12 chawaal 1315 de hégire (1933 de l’ère chrétienne ) .Cheikh Ibrahim son fils aîné qui le rejoignit peu après ne resta pas, longtemps au khilafa. ;son frère Cheikh Mouhammade Khabaane lui succéda et suivit le droit chemin tracé par leur père : enseigner et éduquer les disciples en veillant aux intérêts de la communauté mouride .Il resta au khilafa durant quarante deux (42) ans et fut rappelé à Dieu en 1975. Son fils aîné Serigne Mam Mor poursuit l’œuvre et est en train de construire une grande mosquée à Dendeye .